dimanche, mai 29, 2005

La Confiance

Tout se base sur un petit mot fragile dont l'origine latine traduit à la fois fidélité et amitié...

Et sur cette base on pense que l'on pourra tenir.
Mais l'assymétrie d'une vie à deux réserve bien des surprises et quand la confiance n'est plus, il faut peut-être s'en remettre à la fiance...

C'est-à-dire à croire en ce qui est caché, enfoui, oublié et qui a pourtant généré la rencontre...

samedi, mai 14, 2005

Un mur entre nous...

Selon G. Simmel, il existe "un mur entre un être et l'autre, mur que même la volonté la plus passionnée des deux conjugués ne saurait abattre. " (1)

Cela confirme une intuition profonde. Celle que l'autre ne changera pas fondamentalement, malgré tous nos efforts et tout nos rêves. Une intuition qui se lézarde cependant pour deux raisons.
a) Ce que l'homme ne peut voir, Dieu peut le faire entrevoir.
b) l'homme est digne d'humanité...

Nous nous trouvons donc entre deux cimes...


(1) cité par Olivier Abel, ibid p.158-9

vendredi, mai 13, 2005

Habitudes

"L'habitude a un lien profond avec la liberté quand elle permet de mettre un délai entre le donner et le recevoir, quand elle permet de différer" (1).

J'ajouterais que la confiance permet cela. La confiance est fruit de l'habitude, mais elle constitue le ciment même de cette construction conjugale.
A partir de cela, on perçoit combien la rupture de la confiance est déstructurante. Elle s'inscrit en effet comme un process cumulatif, comme un escalier escarpé que l'on monte au gré de l'amour mais qu'une chute oblige à reparcourir en entier.

A l'inverse par contre de l'habitude se trouve la routine et l'ennui. Mais qu'est-ce que l'ennui, si ce n'est une faute partagée. L'absence d'investissement et la fuite vers son moi douillet.

L'ennui ne se combat pas seul mais à deux. La confiance en l'autre et en soi-même, sa propre capacité à gérer la surprise, sont les moyens possibles de remettre en place une dynamique, un échange.

(1) Olivier Abel, ibid p. 149

jeudi, mai 12, 2005

Parole et secret intimes

"La parole nous fait sentir ce que nous ne sentions pas... " (1)

Elle porte à la lumière ce qui est enfoui en nous et serait resté caché. La parole est l'essence même de la vie du couple. Un couple sans paroles est un couple qui meurt. On part de l'impression de tout savoir et l'on s'enfonce dans une irrémédiable distance.

Cela dit, il y a dialogue et dialogue...
On peut relire le texte sur les tours pour comprendre que le langage du haut des tours n'est pas celui qui construit le couple. Parler, c'est aussi écouter, entendre, sentir, vibrer, partager...

(1) Olivier Abel, ibid p. 149

mercredi, mai 11, 2005

Chorégraphie de la distance

Cette expression d'Abel : "chorégraphie de la distance" évoque pour moi la danse du couple, la symphonie d'une chair qui n'est pas réduite au corps mais conjugaison des instruments multiples qui font de nos rencontres une harmonie en devenir.

Dans la Philosophie de la volonté, P. Ricoeur soulignait déjà les vertus de la danse, qui ne sont pas qu'une harmonie du corps mais le phénomène d'une totalité unifiée, au sens donné par Jean Paul II dans Amour et responsabilité. L'âme, le corps et l'Eprit sont invités à la danse de notre amour. Travailler cette chorégraphie, c'est louvoyer entre proximité et distance, présence et respect. C'est entrer dans la magie d'un Je et d'un Tu (cf. Chemins, le blogue).

(1) Olivier Abel, ibid p. 136

mardi, mai 10, 2005

Accords et désaccords

Ce n'est pas seulement la réparation qui est fondatrice, c'est le désaccord qui est fondateur (1) Il est en effet fondateur dans le sens où il permet de remettre en question ces éternelles asymétries qui s'installent. Le désaccord, c'est l'irruption visible dans le couple d'une tension qui s'était installée sournoisement et qui fait signe, appelle au secours.
Fuir la dispute, une tentation très masculine, conduit à ré-enfouir ce qui devrait au contraire être révélé, remis sur la table, renégocié...


(1) Olivier Abel, ibid p. 134

lundi, mai 09, 2005

L'ennui

"En face de l'angoisse du désir inégal, il y a autre chose non moins terrible, la fatigue de l'égalité, l'ennui du désir égal." (1). Notre société amatrice de sensation forte, de surprise et de diversité est-elle devenue incapable de jouir de la présence fidèle, de la confiance qui nous fait grandir et reposer en paix au delà des inquiétudes bouillonnantes d'une société mondialisée. On sur-valorise la famille comme havre de paix et l'on méprise en même temps la routine, la mort d'une passion.


(1) Olivier Abel, ibid p. 107

dimanche, mai 08, 2005

M'aimes-tu ?

Quand Abel note dans la discipline de la véracité une perpétuelle inquiétude, un "Et si je me trompais sans le savoir ?" il me rappelle l'aporie déjà signalée chez Jean Luc Marion, cette impasse du "M'aimes-t-on ?". Abel souligne d'ailleurs, l'exigence d'autonomie individuelle qui peut devenir pathétique dans son désir de sincérité, d'indépendance jusqu'au "serf-arbitre (...) qui suis-je, moi, que serais-je si j'étais libre du regard et de la parole de l'autre ?" (1).

Ne retrouve-t-on pas ici encore dans une nouvelle conjonction cette notion de rôle que nous avions noté chez Balthasar sur Chemins, le blogue...

(1) Olivier Abel, ibid p. 101

samedi, mai 07, 2005

Divorce

"Tout conduit au divorce" (1). Dans notre société en effet, la pression la plus grande n'est plus celle qui nous poussait au mariage mais celle qui nous conduit à baisser les bras alors que tout peut-être à nouveau possible. Quel effort faisons nous ? Quel tiers avons nous consulté ? Pour que les joies premières qui nous conduisent l'un vers l'autre ne puissent venir reverdir les cimes de notre amour enfoui dans la routine, la lassitude ou le rêve...

(1) Olivier Abel, ibid p. 73

vendredi, mai 06, 2005

Au revoir l'image, bonjour le réel

La grande difficulté de toute histoire amoureuse est de pouvoir quitter l'image idéalisée et impossible que l'on peut avoir de l'autre pour s'attacher à une singularité toute ordinaire quoique irremplaçable. (1) Cet abandon sans retour est le pas du mariage. Non pas celui virtuel de l'engagement d'un jour, mais cette lente conversion intérieure qui nous fait passer du multiple à l'unique, d'un univers du possible à un je veux t'aimer. C'est le pas du "Je te reçois et je me donne à toi". Un lâcher prise qui conduit à une joie incommunicable et privée.

(1) d'après Olivier Abel, ibid p. 53

mercredi, mai 04, 2005

L'amour durable

L'amour durable n'est pas vendeur ? (1) et cependant les derniers sondages le confirment, la famille est la valeur centrale pour nos sociétés. Quel est ce paradoxe. Probablement une tendance à survaloriser liberté et plaisir immédiat. Mais le plaisir peut-il est durable s'il n'y a pas d'engagement, de volonté de durer. Et la liberté est-elle véritable s'il ne s?agit que d'une conformité à des élans passionnels. Suis-je libre quand je suis mes pulsions. C'est au coeur de ce questionnement intérieur que je peux me rendre compte, qu'au delà de ces deux aspirations, un chemin est possible, vers une liberté plus profonde et vers un engagement plus durable. La condition de ce bouleversement ? Devenir humain au prix d'un effort sur soi-même. Effort libérateur.

(1) Olivier Abel, ibid p.51

mardi, mai 03, 2005

Explosion

Deux des principales tensions qui maintenait le mariage ont explosé dans notre société moderne :
- la pression sociale
- la norme religieuse
Il reste donc à lui donner un autre sens, un acte libre qui porte un homme et une femme à choisir librement de s'engager pour la vie dans une aventure hors du commun, loin des sentiers battus, au delà de la conformité, au delà de la seule recherche du plaisir.

C'est un pari fou, mais un pari porteur de sens.
Un acte libre et en soi libérant de toutes les pressions intérieures, les déterminismes et conformismes.

J'avais le mariage n'avait été aussi empli de sens.

lundi, mai 02, 2005

Idolatrie - II

Il y a dans les catéchèses du mercredi de Jean Paul II (qui viennent d'être republiées aux éditions du Cerf sous le titre : "Homme et femme il les créa") un long passage commentant le regard et cette phrase de Jésus : "Eh bien moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme et la désire a déjà commis l'adultère avec elle dans son coeur" (Mat 5,28)
En première lecture, cette phrase ne m'avait pas touché, peut-être parce que je ne me sentais pas véritablement en adultère.
Et cependant, le commentaire de Jean Paul II, qui consacre plusieurs mercredi sur ce thème nous permet de prendre la mesure de la nature même de notre regard, y compris sur notre propre épouse. Et l'on mesure, que notre regard n'est pas souvent un regard de personne à personne, mais bien celui d'un homme du haut d'une tour (cf. infra), qui regarde l'autre comme objet et lui refuse sa place de personne, d'autre...

Il y a donc un chemin intérieur à parcourir, un chemin qui est "descente de tour"...